Dépression anaclitique

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Un bébé qui pleure Thinkstock

 

En 1946, René Spitz élabore la première description de ce qu'il appelle alors « la dépression anaclitique ».

Depuis, les différents travaux sur la dépression du nourrisson ont confirmé les hypothèses de Spitz et permis de développer d'autres notions connues. Parmi elles, on trouve celle de l'attachement, ainsi que les conséquences sur l'enfant d'une dépression post-partum de sa mère.

Cette astuce s'attache à définir la dépression anaclitique, ses symptômes et les traitements envisageables.

Définition de la dépression anaclitique

Dépression anaclitique chez l'enfant

Spitz a définit la dépression anaclitique comme « un état d'apathie massive avec refus du contact ou indifférence à l'entourage chez un nourrisson de 6 à 8 mois privé brutalement de sa mère avec laquelle il avait construit une bonne relation » :

  • L'ensemble des symptômes peut disparaître si la mère ou une autre personne aimante est présentée à l'enfant moins de 3 mois après la séparation.
  • Par contre, si l'enfant ne retrouve pas sa mère, on constatera l'aggravation de son état. Une hospitalisation peut alors devenir nécessaire.

Dépression anaclitique chez l'adulte

La notion d'anaclitisme a ensuite été élargie pour définir un état psychologique de dépendance :

  • Une personne dépendante est une personne « qui se repose sur quelqu'un ou quelque chose ».
  • Ainsi, actuellement, le terme de  « dépression anaclitique » désigne le plus souvent une relation particulière de dépendance à l'autre.
  • Par extension, elle intervient dans des cas pathologiques dits limites, avec un déséquilibre entre dépression et agressivité.
  • C'est ce que l'on appelle les personnalités « borderlines ». Chez l'adulte, cet état peut être mortifère, voire meurtrier si l'objet de dépendance ne répond pas aux attentes.

Symptômes de la dépression anaclitique

Chez l'enfant

Le tableau clinique de la dépression anaclitique chez le nourrisson est le suivant :

  • Dans le mois qui suit la séparation, les enfants pleurent et deviennent exigeants. Ils ont tendance à « s'accrocher » aux personnes qui établissent un contact.
  • Le mois suivant, ces pleurs deviennent gémissements et plaintes. On observe une perte de poids et un arrêt du développement intellectuel.
  • Le 3ème mois, l'enfant refuse le contact et demeure apathique. Des problèmes de sommeil apparaissent en plus des problèmes alimentaires. Le retard psychomoteur s'installe, ainsi qu'un visage inexpressif.
  • Après le 3ème mois, le manque d'expressions augmente, le regard devient vide. Il n'y a plus de pleurs mais des geignements. Une grande léthargie prédomine.

En résumé, les principales caractéristiques de ce syndrome sont :

  • l'amimie (visage inexpressif) ;
  • la perte du sourire ;
  • le retrait affectif ;
  • le mutisme ;
  • la perte d'appétit ;
  • un retard psycho-moteur global.

Chez l'adulte

Chez l'adulte, on observe une attitude de soumission passive et permanente à l'autre. L'adulte souffrant de pathologie anaclitique se caractérise par :

  • un grand besoin relationnel ;
  • une crainte de l'abandon, de la perte, de la solitude ;
  • des irrégularités dans les apprentissages ;
  • des troubles de la conduite ;
  • un retard du développement affectif.

Dans la forme anaclitique, on trouve davantage de femmes. Elles font montre d'une mauvaise adaptation sociale et d'une difficulté à s'affirmer. Ce sont des personnes fragiles, ayant besoin d'un appui et que l'on blesse facilement.

Chez les personnes borderlines, diverses sensations ont été répertoriées au fil des études :

  • sensations de solitude et d'isolement ;
  • sentiment de futilité ;
  • exigences agressives, pressantes ;
  • manque d'espoir ;
  • style de vie mécanique ;
  • ou style de vie hyperactif pour « remplir » le vide.

Causes de la dépression anaclitique chez l'adulte

Chez l'enfant, on a vu que c'est la séparation d'avec sa mère vers 6-8 mois, après la construction d'une bonne relation, qui peut conduire à une dépression anaclitique.

Dans des études concernant la théorie de l'attachement, on a mis en évidence la possibilité qu'une dépression post-partum de la mère puisse conduire à une dépression anaclitique.

À noter : chez l'enfant, la dépression anaclitique constitue à la fois une forme de dépression et un antécédent prédisposant à une dépression ultérieure.

Concernant la pathologie anaclitique chez l'adulte, les causes sont moins claires. Elles pourraient trouver leur source dans :

  • des carences affectives de la prime enfance ;
  • des carences éducatives graves ;
  • un deuil ou un divorce ;
  • de la maltraitance.

Traitement de la dépression anaclitique

Chez l'enfant, le premier des traitements est le retour de la mère ou de la figure maternelle :

  • On constatera alors la réversibilité de tous les symptômes constatés et un développement psychomoteur qui reprendra un cours normal.
  • Il faut cependant que ce retour se fasse dans les 3 mois après la séparation.
  • Il est bon qu'un suivi sérieux par une équipe pluridisciplinaire soit mis en place, afin d'éviter que ne perdure une sensibilité durable à la séparation ou, au contraire, un comportement de détachement pouvant conduire à une incapacité à créer des liens avec autrui.

Pour les adultes anaclitiques, une psychothérapie et un suivi pluridisciplinaire est indispensable pour rompre ce cercle vicieux de dépendance.

À noter : aujourd'hui, la dépression anaclitique chez l'enfant est beaucoup plus rare. Toutefois, les travaux qui ont été faits ont permis d'établir une définition de la dépression précoce. Cependant, cette définition reste imprécise et mériterait d'être refondue.

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