Dépression et génétique

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Une personne conculte une analyse génétique

 

Véritable fléau mondial, la dépression sera en 2030, la première cause d'invalidité selon l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé). En France, près de 8 millions de personnes ont vécu ou vivront une dépression au cours de leur vie.

Encore aujourd'hui, on ne sait pas quelles sont les causes exactes de la dépression, la seule certitude est l'implication de plusieurs facteurs dans son développement. Quels sont les « apports » des facteurs génétiques ? Faisons le point.

Quelques rappels sur la dépression

Maladie potentiellement grave, la dépression a de nombreux impacts directs sur la santé et la vie de la personne atteinte :

  • elle diminue la performance intellectuelle et physique ;
  • elle affecte la libido ;
  • elle engendre des difficultés de communication.

Apports de la génétique aux recherches sur la dépression

Cependant, les causes de la dépression restent floues. Les recherches se sont naturellement dirigées vers la génétique.

Une conclusion majeure apportée serait qu'il n'existe pas de gène responsable de la dépression mais plutôt un faisceau de différents gènes.

Chacun de ces gènes joue un rôle mineur dans une susceptibilité génétique à la dépression : posséder ces gènes ne conduit pas systématiquement à la dépression mais en présence de certains facteurs environnementaux, y compris des événements forts et difficiles, ils prédisposent à un syndrome dépressif.

Historique des recherches

La dépression semble parfois être une « affaire de famille ». On constate en effet que le risque de développer un épisode dépressif lorsque l'on a soi-même un parent ayant développé ce trouble est 3 fois plus élevé que dans la population générale : 9 % contre 3 %. Et ce chiffre est encore plus important lorsque le parent a connu un épisode dépressif avant ses 20 ans :

  • Des études ont également été menées chez les jumeaux. Que ce soit des vrais jumeaux possédant un patrimoine génétique identique, ou des faux jumeaux qui partagent 50 % de leurs gènes. Les conclusions ont montré qu'en moyenne 40 % de nos gènes seraient responsables de notre vulnérabilité à la dépression.
  • De plus, les études ont conclu à une héritabilité de 35 à 55 % de la dépression c'est-à-dire que les gènes expliqueraient pour 35 à 55 % la différence entre les personnes qui souffriront d'un syndrome dépressif de celles qui n'en souffriront pas (Neuronology, 2014).
  • Une autre conclusion intéressante est que le patrimoine génétique influence le fonctionnement du cerveau. Comme l'histoire personnelle et l'attitude psychologique (Human Brain Mapping, 2011). Ce patrimoine génétique peut ainsi rendre une personne plus fragile face à la dépression mais également sensible différemment face à la thérapie, cognitive par exemple.

De plus, l'environnement lui même (stress, alimentation…) influe sur l'expression de l'ADN (INSERM, 2011).

Identification des gènes impliqués dans la dépression

Les progrès de la génomique ont été spectaculaires ces dernières années. Ils ont permis, notamment, de mettre en avant l'implication de certains gènes précis dans la susceptibilité au syndrome dépressif.

Le gène 5-HTTLPR : ce gène est lié au transport de la sérotonine dans le cerveau :

  • Ce neurotransmetteur a une influence sur le syndrome dépressif. Chacun d'entre nous possède une paire de ce gène, mais celui-ci peut présenter des différences structurelles et avoir une forme courte ou longue.
  • Cela donne plusieurs cas de figures : 2 gènes longs, 2 gènes courts ou un gène long et un gène court.
  • Or les études réalisées (Human brain Mapping, 2011 – PlosOne) ont montré que la susceptibilité de développer un syndrome dépressif était plus importante en présence de gènes courts, d'autant plus si les 2 gènes ont cette forme particulière.

D'autres gènes ont pu être cités comme impliqués dans la transmission de maladies dépressives comme la maladie maniaco-dépressive bipolaire : chromosome X, chromosome 11, chromosome 7, chromosome 3… mais les conclusions sont encore à confirmer.

Longtemps, les résultats des recherches, bien que basés sur des études impliquant des échantillons importants, ont été contradictoires. Cependant, aujourd'hui, il apparaît avec certitude que la dépression a pour partie une base génétique :

  • En effet, certains gènes se sont révélés impliqués dans le « risque » de développer une dépression. Pour autant, posséder ces gènes n'implique pas de déclencher une dépression à coup sûr !
  • Ce sont les facteurs environnementaux et psychologiques qui conduiront ou non à un syndrome dépressif. C'est la combinaison, encore inconnue, de ces différents éléments qui est le déclencheur.
  • Mais ces différentes pistes liées à la génétique ouvrent également des pistes pour la mise au point de médicaments plus ciblés.

Pour approfondir :

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