Dépression post-partum

Sommaire

Plus d'une femme sur six (17 %) fait une dépression après un accouchement.

Il existe de nombreuses formes de dépression avec des troubles spécifiques apparentés :

La dépression post-partum n'est pas le Baby-Blues

Comme toute période charnière de l'existence, la maternité est propice à la dépression. La dépression post-partum, c'est-à-dire après un accouchement, intervient dans les 2 mois suivant la délivrance.

Elle se distingue du Baby-Blues qui :

  • est un état physiologique momentané lié aux bouleversements hormonaux ;
  • touche une femme sur deux.

La dépression post-partum est une forme grave de la dépression dont les conséquences pour la mère, l'enfant et la famille peuvent être dramatiques.

Facteurs de risque de la dépression périnatale

De nombreux facteurs de risque de dépression périnatale peuvent être pris en compte :

À noter qu'un faible statut socio-économique, une perte de support social ou financier, ou encore une parentalité durant l’adolescence font également partie des principaux facteurs de risque.

Source : Curry SJ et coll. : Interventions to Prevent Perinatal Depression. USPSTF Recommandations Statement. JAMA. 2019 ; 321: 580- 587. doi: 10.1001/jama.2019.0007.

Dépression post-partum : invalidante pour la mère

Les symptômes de la dépression post-partum (DPP) sont typiques et invalidants pour la mère :

  • sentiment d'incapacité à s'occuper du nouveau-né ;
  • pensées morbides ;
  • idées de culpabilité douloureuses ;
  • difficultés à supporter les pleurs du bébé ;
  • baisse ou absence d'interaction avec le nouveau-né ;
  • passage à l'acte ;
  • suicide altruiste.

L’anxiété est un symptôme très fréquemment associé à la DPP, avec un taux de 83 % parmi les femmes présentant une DPP.

Suicide et dépression post-partum : peur de faire mal à son bébé

Comme pour toutes les formes de dépression, le risque majeur est celui du suicide. On retrouve des idées suicidaires chez près d'un quart des femmes souffrant de DPP.  Dans ce cas particulier, cela peut prendre la forme d'un suicide altruiste : la mère se suicide avec son enfant.

Ces idées morbides surgissent avec de très fortes phobies d'impulsion. Les phobies d'impulsion concernent la peur irraisonnée, et très douloureuse pour la mère, de faire mal à son bébé.

Bon à savoir : mis en place le 1er octobre 2021, le 3114 est un numéro de téléphone gratuit, accessible 24 h/24 et 7 j/7. Il permet aux personnes en détresse psychologique ayant des idées noires, des profondes angoisses ou encore des pensées morbides d’être écoutées par un professionnel de la psychiatrie et de la santé mentale (psychiatre, infirmier spécialisé et psychologue). Ce numéro concerne aussi l'entourage des personnes à risque suicidaire et les personnes endeuillées.

Dépression post-partum : des conséquences possibles pour l'enfant

L'attachement est un ensemble de réactions émotionnelles, physiologiques, sensorielles et cognitives qui s'installent très tôt dans la relation de la mère et du nouveau-né.

Cet attachement se développe au contact de la peau, de l'odeur, de la voix, également avec le goût du lait maternel :

  • lorsque l'attachement est de bonne qualité, l'enfant n'a pas de problème de sécurité face au monde extérieur ;
  • dans la cas d'une dépression post-partum, ces liens précoces peuvent être altérés et prédisposer l'enfant à l'anxiété, voire dans les formes les plus graves, conduire le nourrisson à une dépression.

Important : une dépression post-partum de la mère n'aura pas un impact automatique sur la qualité du développement affectif de l'enfant.

Peur des mères d'évoquer la dépression post-partum

Il est difficile, encore aujourd'hui pour une mère, d'évoquer les symptômes de dépression post-partum ou périnatale, car elles ont l'impression d'être de mauvaises mères. Pourtant, il s'agit d'une des pathologies les plus souvent observées durant cette période.

Dépression post-partum : des troubles tabous

Le fait d'être enceinte et de mettre au monde un bébé est vu par la société comme un des moments heureux de l'existence. Parler de tristesse et de troubles dépressifs après une naissance reste donc un énorme tabou persistant chez les mères.

Le rôle du père largement ignoré

On parle très rarement du rôle du père dans l'accompagnement :

  • de la grossesse ;
  • de l'accouchement ;
  • de la vie post-partum.

Pourtant, un conjoint et un père présent sont très importants pour éviter une dépression postnatale comme dans son traitement et sa guérison. Un père présent et aimant pour son nouveau-né peut pallier au manque d'interactions entre une mère déprimée et le nouveau-né.

Plusieurs études ont par ailleurs montré que le congé paternité rémunéré favorise l’augmentation de la participation des pères aux tâches ménagères et à l’éducation des enfants, qu’il améliore les relations intrafamiliales et qu’il a des conséquences positives sur le développement émotionnel, psychologique et social de l’enfant.

De plus, pour les nouveaux parents, le fait de se sentir soutenus socialement et d’être globalement satisfaits de leur relation de couple est associé à une réduction des risques de dépression post-partum.

Bon à savoir : les pères ne sont pas nécessairement épargnés par la dépression post-partum puisque 10 % d'entre eux sont concernés dans l’année qui suit la naissance de leur enfant.

Traiter une dépression post-partum

Il existe plusieurs formes d'aides pour les mères souffrant de dépression postnatale :

  • consultations médicopsychologiques ;
  • hospitalisations conjointes (avec le nouveau-né) y compris dans les cliniques où l'accouchement à eu lieu ;
  • visites à domicile :
    • elles sont effectuées par des puéricultrices, en coordination avec des hôpitaux,
    • comme à l'hôpital, la présence d'une puéricultrice permet d'aider la mère pour les soins du bébé et de lui faire reprendre confiance en elle ;
  • unités parents-enfants : au nombre d'une vingtaine en France, elles accueillent les mères en très grande difficulté à temps plein ou en journée.

Traitement préventif

Depuis le 1er juillet 2022, un entretien postnatal précoce destiné à repérer les signes d'une dépression post-partum est obligatoire pour les jeunes mamans. Il est réalisé entre la quatrième et la huitième semaine après l'accouchement par un médecin ou une sage-femme (article L. 2122-1 du Code de la santé publique).

Bien qu'il n’existe pas d’outil prédictif fiable pour un dépistage précoce des femmes les plus fragiles susceptibles d'être par la suite victime de dépression périnatale (ou dépression post-partum), on peut s'intéresser aux femmes présentant des antécédents ou des troubles dépressifs, des facteurs de risque socio-économiques, des troubles mentaux à type de symptomatologie anxieuse ou ayant subi des événements de vie très éprouvants.

Il est donc possible de proposer à ces femmes des approches efficaces, notamment :

  • les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) qui permettent des changements positifs de l'humeur et de comportement afin de combattre les pensées, les opinions et les attitudes négatives tout en augmentant les pensées et activités positives ;
  • les thérapies interpersonnelles qui sont axées sur la prise en charge des problèmes relationnels contribuant aux désordres psychologiques.

Les TCC incluent l'éducation de la patiente, la fixation d'objectifs, la façon d'identifier et de combattre les pensées et les comportements malsains tandis que l'approche interpersonnelle s'appuie sur des questions exploratoires, des jeux de rôle, d'analyse de décision et de communication.

Les traitements peuvent au cours de la grossesse, les sessions thérapeutiques pouvant comporter entre 4 et 20 réunions d'une à deux heures étalées sur 4 à 70 semaines. Les séances peuvent être réalisées en groupe ou être individuelles, les intervenants pouvant être des psychologues, des sages-femmes, des infirmières ou d'autres professionnels de santé.

Bon à savoir : une méta analyse menée par l’USPSTF (US Preventive Services Task Force) montre que, chez les femmes à haut risque de dépression, les TCC ont permis une réduction du risque de dépression post-partum de 45 % (réduction de 21 % chez les autres).

Cette aide thérapeutique ne doit pas empêcher de pratiquer une activité physique (connue pour son action antidépressive), sachant que l'apport de sélénium et de vitamine D peut également être intéressant.

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