Médicaments contre la dépression

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En France, la dépression touche 8 % des 18-75 ans chaque année. Cette pathologie, qui se caractérise par une tristesse prolongée, ainsi que par une perte d'activité et d'énergie, a cependant des traitements médicamenteux efficaces.

En cas de dépression modérée à sévère, on peut associer ces traitements à des psychothérapies. De plus, une bonne hygiène de vie, de l'activité physique et différentes méthodes de relaxation peuvent aider à guérir de la dépression.

Faisons le point sur les différents médicaments existants pour traiter la dépression.

À noter : n'oublions pas qu'avant de vous prescrire un antidépresseur, votre médecin évaluera précisément la pathologie dont vous souffrez, afin d'adapter sa prise en charge. Par ailleurs, une étude brésilienne a caractérisé, chez des adolescents souffrant de dépression, des profils symptomatiques à prendre en compte lors de l’évaluation des patients de façon à orienter les traitements de façon plus personnalisée.

Zoom sur les différents médicaments anti-dépresseurs

Il existe aujourd'hui plus de vingt substances disponibles pour traiter la dépression. Elles sont réparties en 5 classes différentes (ANSM, 2006).

Imipraminiques (ou tricycliques)

Ce sont les médicaments anti-dépresseurs de première génération :

  • Ils ont été découverts dans les années 60, et sont préconisés dans les cas de dépression sévère, de troubles obsessionnels compulsifs (TOC), d'attaques de panique et d'autres troubles.
  • Ils ont pour effet d'augmenter le taux de noradrénaline, neurotransmetteur qui influence notamment l'humeur et l'énergie.
  • Ce sont, par contre, des médicaments qui ont beaucoup d'effets secondaires (constipation, sécheresse de la bouche, hypotension, risque épileptique, tachycardie, etc) et de contre-indications (patients atteints de glaucome à angle fermé, troubles de la prostate, etc).

Inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO)

Ce sont également des médicaments anti-dépresseurs de première génération :

  • Ils ont pour effet d'augmenter le taux de sérotonine, en inhibant les enzymes chargées de la dégrader.
  • En revanche, avec ce traitement, les interactions médicamenteuses sont potentiellement graves.
  • Les IMAO sont donc assez peu utilisés, plutôt en cas d'échec d'autres molécules.

Inhibiteurs de la recapture de sérotonine (IRS)

Ils ont été mis au point plus récemment :

  • Ils agissent de façon ciblée sur la sérotonine, dont ils augmentent la concentration dans certaines parties du cerveau.
  • Ils sont également prescrits pour des troubles d'anxiété généralisée, les TOC, les troubles paniques, la phobie sociale et la boulimie.
  • Ils présentent moins d'effets secondaires (troubles digestifs), et ceux-ci peuvent disparaître après quelques jours de traitement.

Inhibiteurs de la recapture de noradrénaline (IRSNA)

Ce sont des anti-dépresseurs combinés qui agissent sur deux neurotransmetteurs : la sérotonine et la noradrénaline. Ils ont les mêmes indications que les IRS ainsi que des effets secondaires communs.

« Autres » anti-dépresseurs

D'autres anti-dépresseurs ont été mis au point récemment :

  • La tianeptine (Stablon® notamment), qui accélère la recapture de la sérotonine. Toutefois son efficacité n'est pas démontrée et elle expose à des hépatites, des atteintes cutanées graves, parfois mortelles, dont des éruptions bulleuses et des toxicomanies.
  • L'agomélatine (Valdoxan® notamment), qui agit à la fois sur la mélatonine (hormone régulatrice du sommeil) et sur la sérotonine. Cependant, son efficacité à long terme est encore mal évaluée. De plus, elle exposerait à des hépatites et des pancréatites, des suicides et des accès d’agressivité, des rhabdomyolyses, des atteintes cutanées graves (dont des syndromes de Stevens-Johnson).
  • La quétiapine, qui est un neuroleptique atypique et peut être prescrite en complément d'un anti-dépresseur.

Autres médicaments prescrits dans la dépression

D'autres pistes sont actuellement explorées pour soulager les symptômes de la dépression :

  • la kétamine, qui renforce et stimule la circulation des informations vers le cerveau ;
  • le monoxyde de carbone, qui pourrait jouer un rôle dans le transport de la sérotonine ;
  • les sels de lithium, qui sont de puissants régulateurs de l'humeur.

À noter : contrairement à une croyance répandue, les anti-dépresseurs ne créent pas de dépendance, contrairement aux anxiolytiques et aux somnifères.

Une méta-analyse a également conclu à l'effet antidépresseur des anti-inflammatoires nos stéroïdiens (AINS). Selon cette étude, les agents anti-inflammatoires réduisent les symptômes dépressifs de près de moitié en comparaison à un placebo. Les effets secondaires observés sont ceux classiquement retrouvés lors de la prise d'AINS, à savoir des troubles gastro-intestinaux (en raison de l’évolution chronique du trouble dépressif caractérisé, les auteurs estiment que ces effets indésirables doivent être examinés de manière plus approfondie).

Source : Bai S, Guo W, Feng Y, et al. Efficacy and safety of anti-inflammatory agents for the treatment of major depressive disorder: a systematic review and meta-analysis of randomised controlled trials. Journal of Neurology, Neurosurgery & Psychiatry Published Online 28 October 2019. Doi: 10.1136/jnnp-2019-320912.

Prise de médicaments contre la dépression

Il est important de savoir que les anti-dépresseurs ne vont pas agir immédiatement :

  • Ils mettront plusieurs semaines avant d'apporter un soulagement au patient.
  • C'est pourquoi il arrive que le médecin prescrive également des anxiolytiques, en attendant qu'ils fassent effet.
  • Par ailleurs, le traitement par anti-dépresseur est long, dans le but d'éviter une éventuelle rechute. Et son arrêt doit se faire progressivement, en suivant les recommandations de son médecin.
  • De même, les anti-dépresseurs peuvent avoir des effets néfastes en cas d'interaction médicamenteuse, ou d'interaction avec l’alcool. C'est pourquoi il faut être prudent pendant le traitement.

Médicaments anti-dépression : quelles alternatives ?

Lorsque l'on souffre de dépression, les anti-dépresseurs ne sont pas forcément la première alternative à envisager. Dans le cas d'une dépression légère, une psychothérapie peut suffire.

Par ailleurs, des pistes parallèles peuvent être envisagées, toujours en accord avec son médecin : phytothérapie, avec le millepertuis, homéopathie, fleurs de Bach, etc.

À noter : dans les cas de dépression plus graves, notamment avec dénutrition, l'électro-convulsivothérapie (ECT) peut être indiquée. Toutefois, le recours à cette pratique reste rare.

Aujourd'hui, si les anti-dépresseurs restent les médicaments de premier choix pour traiter une dépression, il ne faut pas perdre de vue les autres thérapies possibles, à envisager avec son médecin.

Enfin, chez des personnes considérées à risque, il est important de privilégier :

  • certaines habitudes (pas d'excitants, limiter les sources de stress et de peur) ;
  • certains aliments (céréales complètes, germes de blé, légumineuses, fruits, aliments riches en vitamine B6, etc.) pour limiter les risques de déclencher une dépression.

Pour approfondir la question :

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