Selon l'OMS, la dépression touche mondialement plus de 350 millions de personnes. L’OMS considère même que les épisodes dépressifs majeurs représenteront le premier fardeau de santé publique à l’horizon 2030.
Cette maladie est une importante cause d'incapacité et peut conduire au suicide. Pourtant, il existe des traitements efficaces pour la combattre (même si 44 % des sujets souffrant de dépression sévère ne répondent pas ou seulement partiellement aux traitements).
Voyons quel est le statut de la sérotonine dans l'arsenal médicamenteux.
Dépression : définition
Une dépression est causée par de multiples facteurs qui interagissent de façon complexe entre eux. Que ce soit des facteurs sociaux, psychologiques, biologiques ou même génétiques. De plus, ces facteurs engendrent souvent un surcroît de stress qui va amplifier les signes de dépression.
On considère qu'une dépression peut être légère, modérée ou sévère et elle se définit, selon les spécialistes, par des critères très précis :
- un humeur morose une grande partie de la journée ;
- une absence d'intérêt ou de plaisir pour la plupart des tâches quotidiennes (anhédonie) ;
- une perte ou un gain notable de l'appétit ;
- un sommeil anormal : excessif ou insomnie ;
- des mouvements ralentis ou au contraire « compulsifs » ;
- une fatigue importante ;
- des sentiments d'inutilité, de culpabilité ;
- une indécision, des difficultés de concentration ;
- des idées morbides ;
- une agressivité, des changements d'humeur.
Un minimum de cinq de ces symptômes doivent être présents pendant une période d'au moins 2 semaines pour pouvoir établir un diagnostic de dépression.
Lien entre sérotonine et dépression
Qu'est-ce que la sérotonine ?
La sérotonine est issue d'un acide aminé le « tryptophane » et produite par les cellules intestinales et les neurones d'une partie du cerveau appelés « neurones sérotoninergiques ».
C'est un messager chimique du système nerveux central. Elle est impliquée dans de multiples fonctions physiologiques : le sommeil, l'humeur, les comportements alimentaires ou sexuels, la douleur…
Sérotonine : un indicateur de la dépression
La sérotonine a longtemps été considérée comme jouant un rôle majeur dans la dépression : un faible taux de sérotonine pouvait conduire à un état dépressif. Cette idée est mise à mal depuis quelques années (ACS Chemical Neuroscience, 2014 – Université de Bordeaux, 2014), mais il semblerait plutôt qu'il faille considérer la chose dans le sens inverse : la dépression s'accompagne, entre autres, d'une baisse du niveau de sérotonine dans l'organisme. Reste que la sérotonine a un rôle non négligeable sur la régulation de l'humeur.
Mais le cerveau est complexe et il existe sans doute plusieurs causes cérébrales possibles à une dépression, incluant un rôle pour les hormones et les facteurs de croissance des neurones, les neurotransmetteurs… Le tout combiné, comme on a pu le voir précédemment, à des facteurs sociaux, psychologiques, génétiques et même alimentaires (un lien de plus en plus clair apparaît entre déséquilibre du microbiote intestinal et troubles dépressifs) !
Action de la sérotonine contre la dépression
Aujourd'hui, les traitements classiques de la dépression sont classés en fonction de leur mode d'action sur le cerveau. Certains jouent sur le taux de noradrénaline mais beaucoup impliquent un ajustement du taux de sérotonine :
- Les inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO), ont pour effet d'augmenter le taux de sérotonine, en inhibant les enzymes qui la dégradent.
- Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) agissent sur la sérotonine et augmentent sa quantité.
Ainsi, si la sérotonine n'est plus considérée comme la cause d'une dépression lorsque son taux est trop bas, il reste qu'aujourd'hui, elle apparaît comme l'un des traitements de première intention de la dépression.
Sérotonine et derniers traitements mis au point contre la dépression
Parmi les autres traitements développés plus récemment, beaucoup agissent également souvent sur le neurotransmetteur sérotonine :
- inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (ISRS/ISRN) (la duloxétine – Cymbalta® –, le milnacipran – Ixel® – et la venlafaxine – Effexor LP®) ;
- tianeptine (Stablon® ou autre), d’efficacité non démontrée, elle expose à des hépatites, des atteintes cutanées graves, parfois mortelles, dont des éruptions bulleuses, et des toxicomanies ;
- monoxyde d'azote ;
- sels de lithium.
Dernièrement également, on a découvert l'intérêt d'une plante africaine : le Griffonia Simplicifolia, qui contient à l'état naturel du tryptophane, précurseur de la sérotonine. Un apport de tryptophane peut également être dans le traitement de la dépression : le 5 Hydroxytryptophane (5HTP) est une forme intermédiaire entre le tryptophane et la sérotonine qui est idéale lors d’un état inflammatoire ou pro-inflammatoire.
D'autres traitements sont en cours de développement qui, eux aussi, utilisent la sérotonine ou des inhibiteurs de recapture de sérotonine.
Il reste cependant encore à mieux comprendre les causes de la dépression et ses implications sur la biologie du corps humain. Une piste intéressante qui se détache est celle de la génétique qui voulait que certaines personnes soient plus vulnérables que d'autres au syndrome dépressif. C'est également le cas chez les personnes dont la flore intestinale est fortement perturbée (le taux important d’échec au traitement pourrait tout simplement être lié au fait que les traitements visent à compenser les déficits en neurotransmetteurs tels que la sérotonine mais sans chercher à en connaître l’origine).
Il faut aussi garder à l'esprit que la sérotonine n'est pas le seul neurotransmetteur qui peut être impliqué dans la dépression puisque dopamine, GABA et orexine peuvent être en cause et que chacun doit être pris en charge de façon spécifique.
Bon à savoir : en aucun cas il ne faut tenter une automédication pour atténuer ces symptômes ; il faut consulter un spécialiste qui diagnostiquera précisément le trouble et pourra prescrire des traitements et recommander une psychothérapie en parallèle. Par ailleurs, le 3114 est un numéro de téléphone gratuit, accessible 24 h/24 et 7 j/7. Il permet aux personnes en détresse psychologique ayant des idées noires, des profondes angoisses ou encore des pensées morbides d’être écoutées par un professionnel de la psychiatrie et de la santé mentale (psychiatre, infirmier spécialisé et psychologue). Ce numéro concerne aussi l'entourage des personnes à risque suicidaire et les personnes endeuillées.