Antidépresseur

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Anti depresseurs

La France est le pays le plus consommateur de psychotropes dans le monde. Il existe différents types de traitement pour dépression. L'antidépresseur est un des principaux traitements pour guérir de la dépression. Ils peuvent entraîner des effets secondaires et l'arrêt de l'antidépresseur peut nécessiter un sevrage.

Antidépresseur : des traitements biologiques

Les antidépresseurs agissent sur les neurotransmetteurs (dopamine, adrénaline, sérotonine) : ce sont des traitements biologiques de la dépression. L'antidépresseur appartient à la famille des psychotropes, catégorie de médicaments comportant également :

Bon à savoir : tous ces médicaments peuvent devenir dangereux en période de canicule, car ils dérèglent le thermostat central de l'organisme et provoquent une augmentation de la température corporelle (d'où la nécessité d'une vigilance accrue chez les patients qui utilisent ces traitements en cas de forte chaleur).

Principaux types d'antidépresseur en France

Il existe différents types d'antidépresseurs commercialisés en France.

Antidépresseur : les tricycliques

Les tricycliques sont des antidépresseurs dont les molécules ont une structure tricyclique c'est-à-dire à trois noyaux. Ils augmentent la concentration de sérotonine dans la fente synaptique. Ce sont en quelque sorte les antidépresseurs « historiques ».

Voici les principaux :

  • Anafranil, dont la substance active est la clomipramine ;
  • Laroxyl, à base d'amitriptyline ;
  • Prothiaden, avec pour substance active la dosulepine ;
  • Tofranil, à base d'imipramine ;
  • Ludiomil, dont la substance active est la maprotiline chlorhydrate ;
  • Surmontil, à base de trimipramine,
  • Defany.

Ces tricycliques exposent à une prise de poids pouvant aller jusqu'à 10 % du poids corporel (on observe une perte de poids à l'arrêt du traitement).

IMAO : un autre type d'antidépresseur

Les IMAO ou inhibiteurs de la monoamine-oxydase sont composés d'une enzyme qui détruit les monoamines cérébrales telles que la sérotonine, l'adrénaline, la dopamine. Les principaux sont :

  • Marsilid ;
  • Moclamine.

Les antidépresseurs IRS et IRSNA

Les IRS sont les inhibiteurs de la recapture de sérotonine. Ils augmentent la concentration de sérotonine dans la fente synaptique.

Les principaux sont : Deroxat®, Prozac®, Seroplex®, Seropram® et Zoloft®.

Les IRSNA sont des recapteurs de sérotonine, mais aussi de noradrénaline. Ils augmentent la concentration de ces deux neurotransmetteurs dans la fente synaptique :

  • Cymbalta® (duloxétine) ;
  • Effexor® (venlafaxine) ;
  • Ixel® (milnacipran).

À noter : les autres classes d'antidépresseurs : Athymil®, le Norset® et le Zyban® (bupropione utilisée dans le sevrage tabagique en France).

Antidépresseur : 56 % d'amélioration chez les patients

Les antidépresseurs, quelle que soit leur génération, se valent en termes :

  • d'efficacité qui est de l'ordre de 56 % d'amélioration des patients déprimés ;
  • de délai d'action est également similaire : il faut compter une période de 2 à 3 semaines, pour voir s'installer les effets des antidépresseurs ;
  • de durée moyenne du traitement :
    • 6 mois au minimum pour un premier épisode dépressif,
    • la durée de 6 mois peut être prolongée afin d'éviter une éventuelle rechute.

Des chercheurs ont montré que certains neurones sérotoninergiques étaient thermosensibles, ce qui pourrait expliquer que des pratiques liées à la chaleur exercent un effet positif sur nos neurotransmetteurs.

Une méta-analyse a également conclu à l'effet antidépresseur des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Selon cette étude, les agents anti-inflammatoires réduisent les symptômes dépressifs de près de moitié comparativement à un placebo. Les effets secondaires observés sont ceux classiquement retrouvés lors de la prise d'AINS, à savoir des troubles gastro-intestinaux.

Source : Bai S, Guo W, Feng Y, et al. Efficacy and safety of anti-inflammatory agents for the treatment of major depressive disorder : a systematic review and meta-analysis of randomised controlled trials. Journal of Neurology, Neurosurgery & Psychiatry Published Online 28 October 2019. Doi: 10.1136/jnnp-2019-320912.

En revanche, la majorité des antidépresseurs sont inefficaces chez les adolescents (la fluoxétine étant reconnu comme le plus efficace). La prise en charge de la dépression de l’enfant et de l’adolescent doit donc être essentiellement psychothérapeutique. Ce n'est que si les symptômes persistent après un à deux mois de psychothérapie que le traitement par antidépresseurs peut être envisagé, mais toujours en association avec une psychothérapie.

Attention : l'arrêt d'un antidépresseur ne doit jamais être brutal.

Par ailleurs, selon une étude brésilienne ayant porté sur des adolescents, les traitements (fluoxétine seule ou associée à une thérapie cognitive et comportementale) doivent être adaptés aux types de symptômes rencontrés. Les chercheurs ont en effet pu établir des profils symptomatiques et ainsi déterminer quel traitement serait le plus adapté.

Les cibles neurobiologiques de l'antidépresseur

Globalement, les antidépresseurs agissent sur la concentration de certains neuromédiateurs chimiques du cerveau dans la fente synaptique :

  • la fente synaptique est l'espace de communication qui existe entre les cellules cérébrales ;
  • les neurotransmetteurs concernés sont la sérotonine et/ou la noradrénaline ;
  • la dépression entraîne un déficit de concentration de ces neurotransmetteurs dans la fente synaptique.

Antidépresseur : agir sur les troubles de l'humeur

Ces neurotransmetteurs comme la sérotonine ont un impact sur l'humeur :

  • ils agissent sur l'impulsivité, l'irritabilité, la tolérance au bruit, entre autres ;
  • la sérotonine joue un rôle dans les comportements alimentaires, le sentiment d'apaisement, sur le sommeil et la sexualité.

Antidépresseur et lutte contre la fatigue, la tristesse...

De nombreux symptômes dépressifs sous sous la dépendance de l'équilibre des neurotransmetteurs :

  • la fatigue, le ralentissement psychomoteur, l'anhédonie (difficulté à ressentir du plaisir dans les activités de la vie) la baisse du niveau d'éveil et d'énergie : soumis en partie à la noradrénaline ;
  • la tristesse, l'angoisse, l'anxiété, les troubles de la concentration, l'agressivité et les douleurs physiques (musculaires) : dépendants de la sérotonine et de la noradrénaline ;
  • un manque de motivation, une difficulté à bien mener les tâches, un sentiment d’impuissance, une fatigue matinale, une difficulté à gérer ou à augmenter la charge de stress, des irritations pour des petites choses, une tendance antisociale : en cas de déficit en dopamine ;
  • un sentiment chronique d’anxiété, des crises de panique, une sensation chronique de tension physique ou mentale, des ruminations, un cerveau en ébullition, des difficultés à chasser les pensées au moment de dormir,  une incapacité à se concentrer, une inquiétude sur des choses sans importance : en cas de déficit en GABA, un neurotransmetteur anxiolytique impliqué dans la qualité de notre sommeil et notre sentiment de détente ;
  • des endormissements diurnes, une fatigue et une envie de dormir après un repas riche en graisses ou en glucides, un niveau faible d’énergie et un état de fatigue, une tendance à la prise de poids, des images vivaces quand on tombe dans le sommeil ou lors du réveil, l'impression d’être incapable de bouger ou de parler quand on tombe dans le sommeil, un sommeil de mauvaise qualité : l'orexine qui est un neurotransmetteur important dans la sensation d’énergie et de vigilance.

Antidépresseur : plusieurs limites

Les antidépresseurs ont une action limitée.

Limites d'action réelle de l'antidépresseur

Les antidépresseurs ont une efficacité de l'ordre de 56 % (et ils sont sans intérêt chez les adolescents) : 44 % des cas de dépressions ne sont pas améliorés par la prise d'antidépresseurs.

En plus, comme tout médicament, un antidépresseur a des effets secondaires qui peuvent être rédhibitoires pour certains patients.

Ainsi, dans son édition 2020 du « Bilan des médicaments que Prescrire conseille d'écarter pour mieux soigner », la revue indique que :

  • l’agomélatine (Valdoxan® ou autre), d’efficacité non démontrée, expose à des hépatites et des pancréatites, des suicides et des accès d’agressivité, des rhabdomyolyses et des atteintes cutanées graves (dont des syndromes de Stevens-Johnson) ;
  • le citalopram (Seropram® ou autre) et l’escitalopram (Seroplex® ou autre), exposent à un surcroît d’allongements de l’intervalle QT de l’électrocardiogramme et de torsades de pointes par rapport à d’autres antidépresseurs IRS ainsi qu’à des surdoses aux conséquences plus graves ; ces deux ISRS ont également des effets négatifs sur la fonction sexuelle (éjaculations ou orgasmes retardés) ;
  • la duloxétine (Cymbalta® ou autre), le milnacipran (Ixel® ou autre) et la venlafaxine (Effexor LP® ou autre) exposent aux effets indésirables des antidépresseurs IRS, et en plus à des troubles cardiaques et :
    • pour la venlafaxine, à un risque élevé d’arrêts cardiaques en cas de surdose,
    • pour la duloxétine à des hépatites et à des réactions d’hypersensibilité avec des atteintes
      cutanées graves (dont des syndromes de Stevens-Johnson) ;
  • la tianeptine (Stablon® ou autre), d’efficacité non démontrée, expose à des hépatites, à des atteintes cutanées graves, parfois mortelles, dont des éruptions bulleuses, et à des toxicomanies ;
  • la dapoxétine (Priligy®), un IRS, a une efficacité très modeste en cas d’insatisfaction sexuelle liée à un délai d’éjaculation trop court et ses effets indésirables sont disproportionnés : accès d’agressivité, syndromes sérotoninergiques, syncopes ;
  • l’étifoxine (Stresam®), d’efficacité mal évaluée dans l’anxiété, expose à des hépatites et à des réactions d’hypersensibilité graves, dont des syndromes d’hypersensibilité multiorganique (alias
    Dress), des syndromes de Stevens-Johnson et de Lyell.

Source : Pour mieux soigner, des médicaments à écarter : bilan 2019, revue Prescrire 2019 ; 39(424) : 131-141.

Antidépresseurs : certaines causes d'échec

Les antidépresseurs, en France, sont prescrits par des médecins psychiatres, mais aussi par des médecins généralistes, non formés aux problématiques de santé mentale et psychique.

Le taux important d’échec au traitement pourrait aussi être lié au fait que les traitements actuellement disponibles sont essentiellement orientés vers le système nerveux central et visent à compenser les déficits en neurotransmetteurs (sérotonine, noradrénaline et dopamine) sans prendre en compte l’origine de ce déficit (qui, selon certains travaux, pourrait être un déséquilibre du microbiote intestinal).

Le sous-dosage ou surdosage, l'errance thérapeutique de certains patients de même que l'automédication sont également des facteurs d'échecs des médicaments antidépresseurs.

Le discours des médias qui diabolisent telles ou telles molécules pousse certains patients à refuser un traitement antidépresseur.

Bon à savoir : la pratique de la méditation en pleine conscience pourrait avoir les mêmes effets qu’un antidépresseur à usage anxiolytique, tel que le Seroplex® (source : "Mindfulness-Based Stress Reduction vs Escitalopram for the Treatment of Adults With Anxiety DisordersA Randomized Clinical Trial", JAMA Psychiatry, novembre 2022).

Ces pros peuvent vous aider